Lettres de non-motivation

Note de l’éditeur : Toutes les lettres que vous allez lire sont authentiques. Julien Prévieux est artiste. Il y a huit ans, après avoir vainement cherché un emploi, il s’est mis à les refuser tous. Il a décidé de prendre les devants : refuser l’emploi qui nous est de toute façon refusé. Depuis, il a rédigé et envoyé plus de 1 000 lettres de non-motivation en France et à l’étranger. Il a reçu environ 5 % de réponses, en majorité automatiques. Vous trouverez ici une sélection des meilleures lettres, regroupées en deux parties : celles avec les réponses des entreprises et celles restées sans réponse.
La lettre de motivation est un jeu social dont personne n’est dupe, un exercice obligatoire dans le rituel du recrutement. Julien Prévieux joue à ce petit jeu comme quelqu’un qui écrirait de vraies lettres, en réponse à des offres d’emploi qui lui auraient été personnellement adressées, et qui petit à petit, deviendrait fou, finissant lui aussi par envoyer des lettres automatiques, une machine écrivant à des machines. Son propos n’est pas celui du pastiche ou de la caricature (imiter, grossir le trait). C’est tout l’inverse : chacun des personnages qu’il incarne tour à tour fait apparaître, précisément son franc-parler, ce jeu social comme ce qu’il est  un jeu factice, mensonger et, en définitive, d’une incroyable violence. On comprend que la plupart du temps cette lettre dans laquelle le candidat est censé se livrer, exprimer sa personnalité et ses désirs, n’aura même pas été lue avant d’atteindre la corbeille. En ce sens, la lettre de motivation apparaît comme la mise en scène de l’infériorité du demandeur et de la toute puissance de l’entreprise.
C’est cet exercice imposé de la fausseté, du mensonge en soi et de l’humiliation, que les lettres ici rassemblées, dans leurs formes variées, proliférantes, souvent dingues et toujours opiniâtres, font dysfonctionner.
À l’heure du « travailler plus » pour vivre moins, ces lettres de non-motivation nous réapprennent quelque chose de fondamental. Retrouver cette capacité, jouissive, libératrice, de répondre : non.

Julien Prévieux, artiste,  s’est fait connaître à la fin des années 1990 en réalisant des roulades filmées en pleine rue pendant de longues minutes. Il est plus récemment l’auteur d’effets spéciaux – volontairement ratés – intégrés dans des films existants (James Bond). Ses lettres de non-motivation ont été présentées à la Fiac en octobre 2006 ; elles sont vendues par la galerie parisienne Jousse Entreprise 2500 euros pièce. Julien Prévieux élargit actuellement sa campagne de non-recrutement à la côte ouest des États-Unis.

Version Papier 14 €
ISBN 9782355220098
Parution
Nb de pages 128
Dimensions 168 x 240 mm

Extraits Presse

La lettre de motivation est une convention sociale. Si son écriture est un passage obligé pour le candidat  à l’emploi, l’entreprise, en revanche, n’est pas tenue d’y répondre et le fait, d’ailleurs, fort rarement. Le candidat se bat les flancs pour se vendre et faire coïncider son profil avec un emploi toujours annoncé comme mirifique. Mais sa lettre finit le plus souvent au panier ou reçoit, au mieux, une réponse stéréotypée. Après avoir réellement cherché un emploi et reçu, au mieux, ce type de réponses, Julien Prévieux a décidé de prendre la plume pour expliquer sa non-motivation à occuper les emplois annoncés. Au fil d’une centaine de réponses à des annonces d’emploi bien réelles, il décline, sous autant d’identités d’emprunt, les raisons de son non-intérêt pour les postes décrits. Vraie critique d’offres dithyrambiques ou réponses surréalistes pour, simplement, égrainer son refus du travail, l’auteur redécouvre et nous fait partager, au fil d’une série de textes de quelques lignes, le bonheur de dire non au jeu pipé de la dépendance. Les réponses automatiques publiées en regard de ces lettres – quand réponse il y eut – sont d’un effet désopilant. Quand le rire désamorce l’angoisse de la course à l’emploi, la rhétorique des responsables ressources humaines et autre recruteurs paraît tout simplement insupportable. Un livre à ne surtout pas manquer !

Entreprise et carrières

« Je préférerais pas », telle est la résistance invariable et absolue qu’oppose avec la plus désarmante candeur le célèbre copiste de Wall Street, Bartleby, à toutes les demandes qui lui sont faites, entraînant l’incompréhension de ses collègues et supérieurs, ainsi qu’un déraillement progressif des relations de travail le conduisant à un isolement radical. L’artiste plasticien Julien Prévieux semble avoir fait sien l’adage du personnage de Melville, en l’adaptant à sa situation personnelle et en le retournant contre le mépris général dont il se sentait la victime humiliée. Il y a près d’une dizaine d’années, fatigué de se voir répondre à ses lettres de motivation une lettre de refus standard, il décida de prendre les devants : refuser d’emblée et par courriers toutes les offres d’emploi qui se présentaient, dans la presse ou proposées par l’ANPE. Plus de 1000 lettres de « non-motivation » furent ainsi adressés en France et à l’étranger, finissant invariablement par l’énoncé: « Je me vois dans l’obligation de refuser votre offre « . Loin de l’exercice parodique, Julien Prévieux touche juste en renvoyant cette pratique rituelle et frelatée, qui ne vise essentiellement qu’à humilier le chômeur davantage devant la supériorité impénétrable de l’entreprise, au pouvoir si libérateur de dire : non.

Tout prévoir

« Monsieur le maire, Ja ba bo bu co le ka kruk krax krax tourlupinouuuuille… » C’est ainsi que débutait la vraie lettre de candidature d’un certain Julien Prévieux pour un poste de responsable du service bâtiments de la charmante cité d’Arnouville-lès-Gonesse. La directrice des ressources humaines de ladite commune devait fichtrement avoir besoin dudit responsable, car elle se garda de couper les ponts: « Je vous informe que votre dossier a été enregistré, et fera l’objet d’une étude en vue d’un entretien courant septembre », a -t-elle répondu. À moins qu’elle ait voulu faire preuve d’une attention touchante vis-à-vis d’un candidat supposé fragile ? Auquel cas, elle a eu tort. Car Julien Prévieux est un artiste provocateur qui est l’auteur d’un livre désopilant composé de ce genre de lettre. […] Prévieux a ainsi écrit à La Croissanterie que « je dois dire non à ton job. Je suis bientôt dans un meilleur autre job que les croissants. Dans l’attente de ta réponse, je te dit, Madame, tous mes meilleurs sentiments. » Sans se démonter La Croissanterie réclame le CV de l’expéditeur : « Merci de bien vouloir le transmettre le plus rapidement possible afin que nous puissions examiner votre candidature de façon plus approfondie. » Comme si tout cela était seulement un théâtre vain. Un exercice cruel. Un jeu gratuit. Désopilant, mais aussi glaçant.

Les Echos

D’un côté, Julien Prévieux, 33 ans, artiste plasticien. De l’autre, la grande famille des recruteurs et des responsables des services du personnel. La rencontre, improbable, entre ces deux univers se joue dans un livre savoureux qui vient de paraître : Lettres de non-motivation. Le principe est simple : Julien Prévieux adresse une « lettre de non-motivation » à un DRH. Exemple : « Je ne comprends pas pourquoi vous voulez me punir aux travaux forcés sur des bases de données… Je vous en prie, ne m’embauchez pas. » Et le DRH lui répond : « Malgré tout l’intérêt que présente votre candidature, nous sommes au regret de vous dire qu’elle n’a pas été retenue. » On a eu peur… Un dialogue de sourds permanent, surréaliste. Julien Prévieux a eu cette idée saugrenue mais décapante en voyant s’empiler les lettres de refus alors que, jeune diplômé des Beaux-Arts de Grenoble, en 2000, il cherchait un emploi. Depuis, ces lettres et leurs réponses, traitées comme des œuvres d’art, ont été exposées à la galerie Jousse, à Paris, en 2004, puis à la Fiac en 2006.

Courrier Cadres

« Vous qui êtes en recherche d’emploi ou vous qui êtes employeur, je vous recommande tout particulièrement la lecture d’un livre extraordinaire. Le titre : Lettres de non-motivation. L’auteur : Julien Prévieux. […] Si ces lettres de non-candidature sont toujours très argumentées, parfois drôle, parfois émouvantes, les réponses tombent immuables et impersonnelles. Là où l’auteur explose le cadre habituel du futur recruté en développant tous les aspects florissants d’une personnalité imaginaire, l’entreprise en retour lui adresse une lettre comme signe assumé d’une dépersonnalisation obligée. Tout montre que personne à l’autre bout de la chaîne n’a eu le temps de lire ou de comprendre le message qui était adressé si joliment. Alors si le rire est bien présent, le malaise prend vite le pas et amène à s’interroger sur ces processus de recrutement qui se ritualisent tant qu’ils en deviennent mécaniques et presque insensés. Bref, un livre jubilatoire que je recommande à tous. »

Canal Sup Emploi

« Je me vois dans l’obligation de refuser votre offre. » Voilà ce que Julien Prévieux, 34 ans, s’est amusé à répondre aux offres d’emploi parues dans la presse ou proposées par l’ANPE. Canular ? Non, plutôt une approche par l’absurde d’un système de recrutement stéréotypé et déshumanisé. Ainsi après avoir vainement cherché du travail à la fin des années 1990, ce jeune artiste a décidé de prendre les devants et rédigé un millier de Lettres de non-motivation. Le recueil qu’il publie aujourd’hui en rassemble quelques-unes, avec, ou non, la réponse de l’entreprise concernée. Julien Prévieux adopte pour chacune un ton et un point de vue différents. C’est à la fois très drôle et très politiquement incorrect. En retour, les lettres types sont majoritaires, mais certaines DRH savent faire preuve d’humour. Façon de reconnaître que la contestation a du bon…

L'Express

En 2000, Julien Prévieux, artiste parisien, cherche un emploi. Il envoie des dizaines et des dizaines de lettres. Lassé de ne rencontrer que des refus stéréotypés, il décide de faire le chemin inverse : expliquer aux employeurs pourquoi… Il ne veut pas travailler avec eux. Il envoie ainsi plus de 1000 lettres de « non-motivation ». Cocasses, absurdes, ironiques ou virulentes, elles sont aujourd’hui publiées aux éditions Zones et sur le net. Cela donne des formules décapantes comme: « J’ai l’honneur de ne pas vous demander d’emploi », « Je refuse votre proposition et ne vous adresserai pas mon CV » ou « Je vous en prie, ne m’embauchez pas ».

VSD

C’est pour se venger de la grande misère intellectuelle des propositions d’emploi que Julien Prévieux, artiste franco-facétieux, s’est mis à envoyer à différents employeurs d’inventives, loufoques, encolérées, argumentées, désopilantes, lettres de non-candidature. […] Si la plupart des réponses consistent en lettres-types à coté de la plaque (« Votre courrier a retenu toute mon attention »), il arrive aussi que certains employeurs vexés marquent le coup (« Je prends note de votre non-candidature »). C’est caustique, vengeur, aussi réjouissant qu’un pet sonore en plein conseil Constitutionnel.

Le Canard enchaîné

Avec Julien Prévieux, retrouvez le courage et la jubilation de dire non, à l’heure du « travailler plus » pour vivre moins. Ses Lettres de non-motivation sont désormais compilées dans un féroce recueil, qui transforme cet exercice de racolage en exutoire. […] Armé de ce subversif recueil, « sur la route du succès, vous ne resterez pas au bord du chemin ».

Libération

Se rire du système de l’embauche, froid et impersonnel, tel a été le pari de Julien Prévieux.

Métro

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