Ce qui fait une vie

Essai sur la violence, la guerre et le deuil

Alors que la page Bush a été tournée aux États-Unis, la décennie qui s’achève restera comme celle des nouvelles guerres américaines. Judith Butler choisit de revenir sur cette période décisive en l’analysant d’un point de vue philosophique. Sa thèse est que les guerres en Afghanistan et en Irak ont profondément changé non seulement l’état géopolitique du monde mais aussi et peut-être surtout les cadres perceptifs dont nous disposons pour l’appréhender, le saisir ou le comprendre. Croisant perspectives psychanalytique et philosophique, elle interroge la rhétorique déshumanisante de la guerre contemporaine et se demande dans quelles conditions certains sentiments et dispositions morales peuvent à présent être éprouvés. À l’ère de la guerre télévisée, les vies des nouveaux damnés de la terre nous sont présentées comme en quelque sorte déjà perdues, dispensables, des vies dont le deuil n’a pas droit de cité.

Judith Butler, auteur de Trouble dans le genre (La Découverte, 2005), est l’une des principales philosophes américaines contemporaines. Elle enseigne au département de rhétorique de l’université de Berkeley.

 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Joëlle Marelli

Version Papier 16 €
ISBN 9782355220289
Parution
Nb de pages 180
Dimensions 140 x 205 mm

Actualités

Extraits Presse

La philosophe américaine est surtout connue en France pour sa réflexion sur la théorie des genres et le pouvoir des normes dans la construction du sujet. J. Butler poursuit le développement de sa pensée à partir d’une appréhension de la vie humaine comme « vie précaire ». Ses interrogations portent sur les cadres normatifs à l’intérieur desquels nous considérons les êtres humains comme humains et sur les usages que nous faisons de l’humanisme : « Quelles vies sont considérées comme dignes d’êtres sauvées et défendues et quelles vies ne le sont pas ? », « Quelles vies sont considérées comme dignes d’être pleurées ? ». J. Butler analyse avec finesse la portée politique de la reconnaissance publique du deuil au-delà de la sphère privée : en temps de guerre, des pertes suscitent l’indignation, d’autres l’indifférence. La décennie Bush ne manque pas d’exemples de contrôle et de manipulation du deuil public. La philosophe appuie sa réflexion sur la diffusion de poèmes des prisonniers de Guantanamo et de photographies des torturés du camp d’Abou Ghraïb pour montrer que si certains cadrages politiques et montages médiatiques donnent à voir la précarité de l’humain, d’autres, au contraire, ont pour effet de « forclore la sensibilité affective et morale ». Ce travail critique original sur la rhétorique déshumanisante des guerres contemporaines vise à un élargissement de l’humanisme plus qu’à sa déconstruction. Ceci par la prise en compte d’une dimension politique de la précarité comme condition sociale partagée. Une réflexion très stimulante.

Études

J. Butler poursuit le développement de sa pensée à partir d’une appréhension de la vie humaine comme « vie précaire ». Ses interrogations portent sur les cadres normatifs à l’intérieur desquels nous considérons les êtres humains et sur les usages que nous faisons de l’humanisme : « Quelles vies sont considérées comme dignes d’être sauvées et défendues et quelles vies ne le sont pas ? », « Quelles vies sont considérées d’être pleurées ? »
Ce travail critique original sur la rhétorique déshumanisante des guerres contemporaines vise à un élargissement de l’humanisme plus qu’à sa déconstruction. Ceci par la prise en compte d’une dimension politique de la précarité comme condition sociale partagée. Une réflexion très stimulante.

Nathalie Sarthou-Lajus - 01/09/2010

Judith Butler analyse les lois et pratiques d’exception mises en place par les Etats-Unis dans la foulée du 11 Septembre (Guantánamo, Abou Ghraib) à la lumière de concepts que le récent intérêt pour le « care » est en train de familiariser en France : la vulnérabilité, la dépendance ou encore la «blessabilité». « Il est impossible que l’autre soit destructible sans que je le sois aussi, et l’inverse est également vrai. » La violence de l’Etat américain « non seulement nie sa propre blessabilité constitutive, mais tente de relocaliser la blessabilité dans l’autre en le blessant et en le faisant apparaître comme blessable par définition ».

Libération

Judith Butler analyse les lois et pratiques d’exception mises en place par les États-Unis dans la foulée du 11 Septembre (Guantànamo, Abou Ghraib) à la lumière de concepts que le récent intérêt pour le « care » est en train de familiariser en France : la vulnérabilité, la dépendance ou encore la « blessabilité ».

Éric Aeschimann - Libération - 13/05/2010

La théoricienne états-unienne du « genre » signe ici un recueil d’essais abordant la question de la violence et de la vulnérabilité de l’être humain. Sa réflexion pointue et subtile nous emmène dans une analyse des poèmes des détenus de Guantanamo et des images de torture d’Abu-Graïb.

GG - Silence - 01/01/2011

Professeure de littérature comparée à l’université de Berkeley, féministe engagée dans le mouvement gay et lesbien, très connue pour ses travaux sur la sexualité et le genre, elle s’attache aussi à penser la précarité radicale de nos existences.

Catherine Halpern - Sciences Humaines - 01/05/2015

Table des matières

RemerciementsIntroduction. Vie, deuil et précaritéAppréhender une vie – Cadres de reconnaissance – Précarité et possibilité de deuil – Vers une critique du droit à la vie – Formations politiques1. Survivabilité, vulnérabilité, affect2. La torture et l’éthique de la photographie : penser avec Susan Sontag3. La politique sexuelle, la torture et le temps laïc4. Ne-pas-penser, au nom du normatif5. L’appel à la non-violence.