Chaque seconde, 150 tonnes de béton sont coulées dans le monde. Pas de béton sans ciment, dont la production émet près de trois fois plus de CO2 que le transport aérien. Pas de béton sans sable, deuxième ressource naturelle à être pillée, après l’eau. Pas de bétonisation sans artificialisation des sols, fatale pour la biodiversité et qui dévore les terres agricoles. C’est un fait, le béton est une arme de destruction massive du vivant. Malgré ces constats alarmants, pointés depuis une décennie, il continue de couler à flots.
La question devient urgente : comment faire tomber le béton ? Alors que fleurissent des mobilisations contre les projets polluants et imposés, cet ouvrage − ponctué de récits de luttes − décortique la filière, expose le rôle actif des bétonneurs français et pointe les liaisons dangereuses tissées entre industriels et pouvoir d’État. Ce livre est aussi une invitation à renouer avec le sensible et à regarder le sol sous nos pieds. Au-delà de la dénonciation d’un système patriarcal et bétonné, il s’agit de repenser l’acte de «bâtir», pour ré-habiter la terre. Prendre soin de ce qui est déjà là. Réparer, repolitiser l’architecture. Habiter autrement. Organiser la résistance pour démanteler le béton et son monde.
Léa Hobson est architecte, scénographe, militante écologiste et membre du mouvement les Soulèvements de la Terre.