« Ça marche, c’est tout », nous dit la publicité pour un smartphone. C’est simple, c’est intuitif. Il n’y a pas à se poser de questions. Le passage au numérique tel que nous le vivons aujourd’hui correspond largement à une délégation généralisée des choix politiques, éthiques, culturels et sociaux à des opérateurs privés qui ont su rapidement proposer des « solutions fonctionnelles » pour à peu près tout.
Dans cet essai provocateur, le philosophe Marcello Vitali-Rosati prend le contre-pied de cet « impératif fonctionnel » au coeur de la vision du monde dans laquelle les GAFAM nous enferment.
Il propose au contraire de réfléchir à partir de ce qui heurte le flux bien huilé des rhétoriques de l’immatérialité, de la simplicité, de l’intuitivité et du bon fonctionnement : le bug. En anglais, ce mot signifie « insecte », mais aussi « spectre ». En court-circuitant la machine qu’il habite et qu’il hante, le bug nous pousse à ouvrir la boîte noire.
C’est aussi ce à quoi ce livre nous invite. Au lieu de nous laisser séduire par un discours qui, nous promettant de nous délivrer de toutes les tâches matérielles, finit par nous asservir à une poignée de plateformes, nous pouvons cultiver une connaissance critique des technologies à même de nous libérer de cette emprise.
Marcello Vitali-Rosati est philosophe et spécialiste des questions relatives aux technologies numériques. À partir de l’étude et de la pratique du code, il analyse la manière dont les algorithmes, les formats, les logiciels et les plateformes redéfinissent les notions d’humain, d’identité, de connaissance ou de littérature. Contributeur actif à la théorie de l’éditorialisation, il travaille à la conception de nouvelles formes de production et de diffusion du savoir. Il est professeur à l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques.
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