Histoire d’un mensonge

Enquête sur l'expérience de Stanford

Conduite en 1971 par le professeur Philip Zimbardo, l’« expérience de Stanford sur la prison » a vu vingt-deux étudiants volontaires jouer les rôles de gardiens et de prisonniers au sein d’une fausse prison installée dans l’université Stanford.
L’expérience devait durer deux semaines mais elle fut arrêtée au bout de six jours, résume Zimbardo, car « les gardiens se montrèrent brutaux et souvent sadiques et les prisonniers, après une tentative de rébellion, dociles et accommodants, même si la moitié d’entre eux furent si perturbés psychologiquement qu’ils durent être libérés plus tôt que prévu ».
Devenue presque aussi célèbre que l’expérience de Stanley Milgram sur l’obéissance et souvent citée en exemple de l’influence des situations sur nos comportements, l’expérience de Stanford est pourtant plus proche du cinéma que de la science : ses conclusions ont été écrites à l’avance, son protocole n’avait rien de scientifique, son déroulement a été constamment manipulé et ses résultats ont été interprétés de manière biaisée.
Rassemblant archives et entretiens inédits, Thibault Le Texier mène une enquête haletante sur l’une des plus grandes supercheries scientifiques du XXe siècle, entre rivalités académiques, contre-culture et déploiement du complexe militaro-industrialo-universitaire.

Thibault Le Texier, chercheur en sciences sociales, est notamment l’auteur de Le Maniement des hommes. Essai sur la rationalité managériale (La Découverte, 2016).

 

 

Version Papier 18 €
Version Numérique 13,99 €
ISBN 9782355221200
ISBN numérique 9782355221248
Parution
Nb de pages 296
Dimensions 140 x 205 mm

Actualités

Extraits Presse

La célèbre expérience de Stanford, où, invités à jouer prisonniers ou gardiens, des étudiants sombraient aussitôt dans la violence, était truquée. Un jeune chercheur français dévoile cette rocambolesque imposture. C’est une expérience qui a fait le tour du monde. Prenez deux dizaines d’étudiants lambda, plongez-les dans une pseudo-prison, tirez au sort pour décider qui joue les détenus et qui joue les gardiens, et quelques jours suffisent pour muer ces jeunes gens ordinaires en monstres sadiques, au point même qu’il faut couper court à l’essai. Cette démonstration du mal qui sommeillerait en chacun de nous, prompt à s’éveiller dès que d’autres sont mis à notre merci, remonte à 1971. Instantanément devenue une référence scientifique, citée dans d’innombrables travaux et articles, l’expérience de Stanford sur la prison jouit d’une immense notoriété, « notamment en Allemagne et dans les Etats de l’ancien bloc communiste. Aux Etats-Unis, elle fait partie de la culture populaire, c’est un grand classique des manuels de lycée. Elle a séduit par sa simplicité absolue. (…) Seulement voilà, à sa propre stupéfaction, ce jeune chercheur en sciences sociales a découvert qu’il s’agissait, en réalité, d’une incroyable supercherie, d’un mensonge scientifique gros comme le Ritz. Dans un livre qui se dévore tel un polar, il en retrace la rocambolesque genèse.

Véronique Radier - L'Obs - 17/05/2018

Peut-on fictionnaliser le réel pour une cause militante ? C’est la question que pose le chercheur Thibault Le Texier dans son enquête passionnante sur l’expérience de Stanford. Mise en scène, approximations, manipulations médiatiques : retour sur l’une des plus impressionnantes mystifications scientifiques du XXème siècle. Cette enquête n’est pas un ouvrage à charge contre Zimbardo, mais l’illustration d’un manque de rigueur scientifique, d’un détournement volontaire des faits, des preuves, au profit d’une pensée militante. « Est-il besoin de dire que la nullité de l’expérience de Stanford ne valide en rien les thèses inverses ? », interroge Le Texier, qui conclut : « En sciences, il peut y avoir des erreurs honnêtes, il peut y avoir des engagements féconds, mais il n’y a pas de mensonges vertueux ».

Marie Ingouf - Les Inrocks - 22/04/2018

Il faudra désormais tenir l’« expérience de Stanford » pour l’une des plus grandes supercheries scientifiques du XX siècle. Tout était là, nullement dissimulé : outre un protocole violant les règles de la scientificité et de la morale, Zimbardo a plus d’une fois menti sur ses résultats. C’est un manipulateur séduisant, pris entre ses convictions (proches de la contre-culture) et ses intérêts de carrière (en pleine guerre du Vietnam et de Corée, Stanford reçoit des mannes financières du complexe militaro-industriel). L’enquête, toujours balancée, tient en haleine.

Catherine Portevin - Philosophie Magazine - 04/06/2018

L’auteur met en évidence les conditions de possibilité d’une telle imposture, qui est loin d’être un cas unique. Certaines tiennent justement dans la personnalité de Zimbardo, charismatique enseignant connaissant parfaitement les codes médiatiques ; d’autres dans le contexte de l’époque, et de l’université Stanford en particulier. Ce faisant, il propose plus largement une réflexion sur les conditions du travail scientifique à l’ère de la bibliométrie, que nombre d’économiste gagneraient à méditer.

Alternatives Economiques - 01/09/2018

Avec une minutie extrême, Thibault Le Texier a passé en revue l’ensemble de ce corpus et l’a comparé aux documents d’archivage de l’expérience, conservés à Stanford, ainsi qu’aux propos de témoins directs des événements. Le résultat est saisissant.

Stéphane Foucart - Le Monde - 01/06/2018

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