L’affaire Toulaév

Un roman révolutionnaire

Dans la froideur d’une nuit moscovite, le camarade Toulaév, un apparatchik de haut rang, est abattu en pleine rue. L’enquête commence et la machine bureaucratique du parti-État stalinien enclenche ses rouages totalitaires. Les suspects, arrêtés et interrogés les uns après les autres, sont pris dans les mailles d’un filet qui étend ses ramifications jusqu’à Paris et Barcelone. Ces inculpés, dont Serge fait le portrait saisissant, n’ont en commun que l’innocence du crime dont on les accuse.
Avec ce roman rédigé dans les années 1940, véritable classique méconnu de la littérature du XXe siècle, Victor Serge signe l’un des plus forts récits jamais écrits sur les procès de Moscou et les purges staliniennes, dont il offre ici une fresque panoramique complexe et belle malgré sa noirceur. Ici ce joue la comédie humaine d’un État policier, le roman noir d’une révolution trahie qui dévore ses propres enfants en leur faisant confesser des crimes qu’ils n’ont pas commis.
Au-delà de sa dimension historique, le livre expose, avec une subtilité que seule permet la fiction, les mécanismes sociaux et psychologiques qui rendent possible la soumission à la tyrannie.

Victor Serge, de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchich (1890-1947), né en Belgique de parents russes réfugiés, milite d’abord à Paris au début du XXe siècle dans les mouvements anarchistes avant de rejoindre Moscou et de participer activement au déploiement de l’Internationale communiste. Révolté par la bureaucratisation du régime, il anime ensuite l’opposition de gauche antistalinienne. Incarcéré et exclu du Parti communiste, il finira sa vie en exil au Mexique.

 

Préface de Susan Sontag

 

 

Version Papier 25 €
ISBN 9782355220197
Parution
Nb de pages 396
Dimensions 140 x 205 mm

Extraits Presse

Victor Serge, tout en conservant une réelle distance vis-à-vis de ses personnages, parvient à leur donner, parfois en peu de pages, une consistance telle que chacun pourrait faire l’objet d’un roman à part entière. En décrivant la mécanique infernale par laquelle ces hommes voient se retourner contre eux les armes dont ils se sont jadis impitoyablement servis pour défendre le régime, Victor Serge démontre, comme dans une tragédie antique, comment la révolution mène inévitablement au sacrifice des autres, puis de soi-même.
L’Affaire Toulaév, malgré sa noirceur, n’est pourtant pas totalement dépourvu d’optimisme. Car dans ce roman impitoyable pour les hommes de pouvoir, victimes de l’absurdité d’un système qu’ils ont eux-mêmes contribué à mettre en place, ce sont les humbles qui ont la part belle : dans un épilogue empreint d’une volontaire naïveté – mais bien pardonnable, car salutaire -, où l’on voit Kostia, le seul vrai coupable du crime, mais aussi le seul idéologiquement pur, s’en sortir, Victor Serge exprime l’espoir dont il ne s’est jusqu’à sa mort jamais totalement départi.

Parutions.com - 01/12/2009

À la fin de l’année dernière, les éditions Zones ont eu la très bonne idée de rééditer un roman de Victor Serge : L’affaire Toulaév (publié la première fois en 1948). De quoi s’agit-il ? D’une fantastique plongée dans l’univers bureaucratique et mortifère de l’Union soviétique de Staline. Un régal. […] Le récit est une fantastique épopée dans le cerveau du monstre. Et c’est avec force que Victor Serge décrit cette fausse enquête qui mène à de faux procès, histoire de trouver une raison fallacieuse ? abattre le système, tiens donc ? à un vrai meurtre et à des vraies exécutions. Écrit par le biographe de Léon Trostky, ce récit n’en sonne que plus vrai encore. Et il vaut bien des centaines de pages sur l’histoire du communisme.

L'Hebdo

On connaît tous, au moins un peu, le Victor Serge militant, celui qui a passé sa vie en exil pour avoir trop dénoncé les liberticides de tous bords et a payé très cher son incessant combat. On connaît moins ses talents littéraires. La réédition chez Zones de L’Affaire Toulaév, magnifique roman à plusieurs voix sur la Terreur stalinienne, est la meilleure occasion de réparer cet impair.

Itinéraire impressionnant que celui de Victor Serge, toujours à batailler pour la liberté et toujours exclu et vilipendé pour cette raison même. L’Affaire de Toulaév est le roman de quelqu’un qui a tâté de la monstruosité de la bureaucratie stalinienne, de l’absurdité d’un système qui dévore ceux-là même qui l’ont créé. Et qui cherche à retranscrire cette expérience le plus fidèlement possible.

Article11

L’Affaire Toulaév n’est pas en effet nullement le simple habillage romanesque d’une fable politique. S’il s’inspire de l’assassinat de Kirov, le premier secrétaire du PC de Leningrad, le 1er décembre 1934, et des purges à répétition qui l’ont suivi, si son haut-commissaire à la Sécurité Erchov rappelle le nabot sanglant Iejov, l’homme qui organisa la plus grande vague de terreur de l’époque stalinienne avant d’en être lui-même la victime, Serge privilégie le récit sur l’illustration politique et tout en brossant une impressionnante fresque sociale du stalinisme, il emporte le lecteur dans les multiples recoins où l’Histoire flirte avec l’anecdote et les destinées individuelles.

Jean-Jacques Marie - La quinzaine littéraire - 01/01/2010

À la fin de l’année dernière, les éditions Zones (La Découverte) ont eu la très bonne idée de rééditer un roman de Victor Serge : L’Affaire de Toulaév (publié la première fois en 1948). De quoi s’agit-il ? D’une fantastique plongée dans l’univers bureaucratique et mortifère de l’Union soviétique de Staline. Un régal.

Yves Steiner -L'Hebdo - 01/02/2010

L’Affaire de Toulaév, implacable dénonciation de la machine bureaucratique soviétique, mais aussi ses romans révoltés et fraternels (Naissance de note force, Ville conquise, Les Hommes dans la prison) sont des textes dénonciateurs, indociles, qui restituent un premier XXe siècle emporté dans les tourmentes révolutionnaires.

Gilles Heuré - Télérama - 16/04/2011

Table des matières

Préface
Non éteint (L’affaire Victor Serge), par Susan Sontag
1. Les comètes naissent de la nuit
2. Les glaives sont aveugles
3. Les hommes cernés
4. Bâtir, c’est périr
5. Le voyage dans la défaite
6. Chacun se noit à sa façon
7. La Côte du Néant
8. La route de l’or
9. Que la pureté soit trahison
10. Le glissement des banquises continuait…

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