Fichage, surveillance, filature, écoutes, infiltrations, manipulations et provocations ? autant de techniques policières que les régimes de tout poil ont toujours employées contre ceux qui entendaient contester l’ordre établi.
Au lendemain de la révolution russe, les archives secrètes de la police politique tsariste ? la sinistre « Okhrana » ? sont tombées entre les mains des insurgés. Victor Serge les a dépouillées. De sa lecture de centaines de rapports et fiches de police, il a tiré une sorte de guide pratique des techniques de répression policière, publié pour la première fois en France en 1926. Si les technologies répressives se sont depuis considérablement modernisées, les grands principes de leur fonctionnement, dévoilés ici, demeurent toujours d’actualité à l’âge de la surveillance électronique.
Après une analyse minutieuse du fonctionnement de la police politique et de la mentalité des « agents provocateurs », Serge pose la question du rapport à la légalité, et livre des conseils de base aux militants : comment repérer une filature, résister à un interrogatoire, déjouer des manœuvres de provocation… Loin de toute paranoïa, la leçon fondamentale de ce petit manuel reste éclairante : « Il n’est pas de force au monde qui puisse endiguer le flot révolutionnaire quand il monte, et face auquel toutes les polices, quels que soient leur machiavélisme, leur science et leurs crimes, sont à peu près impuissantes. »
Ce document est éclairé par un avant-propos d’Éric Hazan en lien avec l’« affaire Tarnac » et une actualisation de Francis Dupuis-Déri sur les techniques contemporaines de contrôle policier.
Victor Serge, de son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchich (1890-1947), né en Belgique de parents russes réfugiés, milite d’abord à Paris au début du XXe siècle dans les mouvements anarchistes avant de rejoindre Moscou et de participer activement au déploiement de l’Internationale communiste. Révolté par la bureaucratisation du régime, il anime ensuite l’opposition de gauche antistalinienne. Incarcéré et exclu du Parti communiste, il finira sa vie en exil au Mexique. Éric Hazan, éditeur à La Fabrique, a publié L’Insurrection qui vient par le Comité invisible et prend part activement à la défense des inculpés de Tarnac. Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, a milité au sein de collectifs à sensibilité anarchiste et contre la répression policière. Il a notamment publié Les Black Blocs aux éditions Lux en 2003.
Préface d’Éric Hazan
Postface de Francis Dupuis-Déri
Postface de Richard Greeman
Texte revu, corrigé, établie et annoté par Jean Rière
Ce titre est malheureusement épuisé.