Que vous soyez fonctionnaires ou salariés, vous devez toujours être plus performants, plus proactifs, plus autonomes. Vous serez impitoyablement comparés, notés, évalués. L’activité professionnelle devient une course effrénée au chiffre et à la performance. Ce phénomène a un nom. Inventé au début des années 1980 dans la firme américaine Xerox, le benchmarking se définit comme une méthode de management par l’évaluation compétitive.
En quelques décennies, ce petit instrument gestionnaire a conquis le monde, jusqu’à coloniser aujourd’hui la « gestion des ressources humaines » dans les services publics.
De New York à Bruxelles, des archives de Xerox à la préfecture de police de Paris, ce livre montre comment le benchmarking est devenu l’instrument de nouveaux rapports de domination entre les mains des bureaucraties contemporaines.
Comment le benchmarking se déploie-t-il aujourd’hui dans l’administration et les services publics français ? Dans la police, à l’hôpital et à l’université ? Quels sont les ressorts de la « discipline indéfinie » qu’il exerce sur les agents ? Mais ce livre ne s’en tient pas au constat. Les auteurs concluent en esquissant les contours d’un possible militantisme par les chiffres : le « statactivisme ».
Isabelle Bruno est maître de conférences à l’université Lille 2, chercheuse au Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS). Elle est l’auteur de À vos marques®, prêts… cherchez ! La stratégie européenne de Lisbonne, vers un marché de la recherche (Éd. du Croquant, 2008).
Emmanuel Didier est chargé de recherche au CNRS (rattaché au Groupe de sociologie politique et morale/EHESS). Il est l’auteur de En quoi consiste l’Amérique ? Les statistiques, le New Deal et la démocratie (La Découverte, 2009).