Hémisphère gauche

Une cartographie des nouvelles pensées critiques

On assiste depuis la seconde moitié des années 1990 au retour de la critique sociale et politique. Des manifestations altermondialistes à la campagne contre le traité européen, des succès électoraux de l’extrême gauche à la mobilisation contre le CPE, la gauche de la gauche est sortie du « grand cauchemar » des années 1980.
Pourtant, la critique n’est pas que dans la rue. La bataille des idées fait rage elle aussi. Développée par des auteurs comme Toni Negri, Slavoj Zizek, Alain Badiou, Judith Butler, Giorgio Agamben, Fredric Jameson, Wang Hui, Moishe Postone, Gayatri Spivak ou Axel Honneth, la pensée radicale est de retour. Quelles sont ces théories qui accompagnent l’émergence des nouvelles luttes sociales ? En quoi se distinguent-elles de celles qui caractérisaient le mouvement ouvrier dans ses formes traditionnelles ?
Ce livre rend compte de la diversité de ces nouvelles pensées : théorie « queer », marxisme et postmarxisme, théorie postcoloniale, théorie de la reconnaissance, poststructuralisme, néospinozisme, etc. Il montre également l’unité qui sous-tend ces courants, tous produits des défaites subies par les mouvements de contestation des années 1960 et 1970.
Cet ouvrage se veut une cartographie intellectuelle, un instrument d’orientation dans le nouveau paysage des pensées critiques, dans une perspective internationale.

Razmig Keucheyan est docteur en sociologie et maître de conférences à l’université Paris-IV-Sorbonne. Il est l’auteur de Le Constructivisme. Des origines à nos jours (Hermann, 2007), ainsi que d’une anthologie des Cahiers de prison d’Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position (La Fabrique, 2012).

 

Ce titre est maintenant disponible au format poche aux Éditions La Découverte.

 

 

Version Papier 22,50 €
ISBN 9782355220623
Parution
Nb de pages 400
Dimensions 140 x 205 mm

Extraits Presse

De Toni Negri à Slavoj Zizek, de Jacques Rancière à Giorgio Agamben, d’Axel Honneth à Judith Butler, de Leo Panitch à Giovanni Arrighi, de Daniel Bensaïd à Fredric Jameson, d’Ernesto Laclau à Alain Badiou, plébiscité pour la radicalité de ses textes quasi-insurrectionnels (dont le bestseller De quoi Sarkozy est-il le nom ?), ces penseurs critiques ne sont pas exclusivement commentés dans les cercles autorisés : ils sont lus partout, par beaucoup, comme les nouveaux guides spirituels d’un monde à réenchanter, où la question de l’égalité des droits, des identités, des imaginaires doit se redéployer au risque d’un fatal recul démocratique. Mais au fond, outre leur posture commune, celle d’une volonté de rupture avec l’ordre dominant, qu’est-ce qui réunit tous ces théoriciens, issus de courants de pensée parfois éloignés, travaillant sur des objets diversifiés ? C’est à ce travail d’éclaircissement d’une pensée aux mille ramifications que s’est attaché le sociologue Razmig Keucheyan dans un précieux ouvrage, dont la vertu première tient à son effort pédagogique. De sorte que sa cartographie servira de guide à tous ceux qui rêveraient de mieux saisir les concepts de ce renouveau critique. Grâce à des rapprochements pertinents entre des territoires dispersés de la pensée contemporaine, grâce à ses explorations au cœur de théories souvent conçues comme des laboratoires d’action pratique, Razmig Keucheyan aide à voir plus clair.

Les Inrockuptibles

Et si la «pensée critique» s’offrait un guide de voyage ? Et si le moment était venu de prendre acte de la mondialisation des idées en dressant la mappemonde des nouveaux courants ? De l’altermondialisme sud-américain au néomarxisme européen, des gender studies en vogue dans les universités américaines aux recherches postcoloniales où brillent les sociologues venus du sous-continent indien, la vie intellectuelle mondiale connaît depuis une quinzaine d’années un profond renouvellement. Problème : l’éparpillement conceptuel, thématique et même géographique rend difficile de s’y repérer. Il était temps de dresser un état des lieux, d’établir une «cartographie des nouvelles pensées critiques».Une carte peut être simpliste, dessinée à gros traits, comme sur les dépliants à l’entrée des parcs de loisirs : une flèche pour le train-fantôme, une autre pour la rivière canadienne, un énorme «I» pour le «point information». Celle dressée par Razmig Keucheyan, un jeune sociologue français, tient plutôt de l’album routier. Ecrit avec intelligence et clarté, ce qui n’est pas si fréquent dans ce genre de littérature, il recense les grands thèmes actuels – le nouveau capitalisme, les transformations de l’Etat-nation, la question de la démocratie, le genre… – et présente une vingtaine de figures incontournables, parmi lesquelles Negri, Agamben, Badiou, Rancière, Butler…

Libération

Parcourant l’éventail des travaux critiques publiés ces trente dernières années sur des problématiques aussi diverses que l’impérialisme, les rapports de classe, les relations internationales, l’histoire économique, le féminisme, le droit, les identités, l’auteur expose les idées-forces et, parfois, les contradictions d’auteurs cités mais rarement lus.

Pierre Rimbert - Le Monde diplomatique 01/12/2010

Écrit avec intelligence et clarté, ce qui n’est pas si fréquent dans ce genre de littérature, il recense les grands thèmes actuels – le nouveau capitalisme, les transformations de l’État-nation, la question de la démocratie, le genre… – et présente une vingtaine de figures incontournables, parmi lesquelles Negri, Agamben, Badiou, Rancière, Butler…

Éric Aeschimann - Libération - 29/04/2010

Depuis le milieu des années 90, des intellectuels réinventent une pensée critique. Une mouvance protéiforme et mondialisée que décrypte le sociologue français RAZMIG KEUCHEYAN.

Jean-Marie Durand - Les Inrocks - 28/04/2010

Razmig Keucheyan dresse une véritable géographie intellectuelle des théories politico-sociales contemporaines dans leurs relations plus ou moins avérées au marxisme.

Florien Gulli - L'Humanité - 19/11/2013

Les années 1980 semblaient leur avoir donné le coup de grâce, avec pour point d’orgue la chute du mur de Berlin en 1989. Pourtant, depuis les années 1990, les «pensées critiques» connaissent un nouvel essor. À gauche toute. Elles prennent corps avec de nouveaux mouvements sociaux, telles les manifestations contre l’OMC à Seattle en 1999, le Forum social mondial de Porto Alegre en 2001, ou la montée de la gauche en Amérique latine. Razmig Keucheyan entend dans Hémisphère gauche «cartographier» ces nouvelles pensées et donner quelques points de repère pour s’orienter dans un paysage foisonnant et dense. L’exercice est périlleux. L’auteur tranche dans le vif, s’attache aux «stars» (Toni Negri, Judith Butler, Alain Badiou, Slavoj Zizek…) mais aussi à des penseurs moins connus du grand public mais non moins féconds, tels Leo Panitch, Ernesto Laclau, David Harvey, Alvarao Garcia Linera ou Robert Cox.

Sciences humaines

Jeune maître de conférences à la Sorbonne, il fournit là un outil précieux pour sortir des lamentos sur les piètres penseurs et anticiper les séismes à venir.

Aude Lancelin - BiblioObs

Table des matières

Introduction
I / Contextes
1. La défaite de la pensée critique (1977-1993)
Périodiser
Vers une géographie des pensées critiques
D’une glaciation à l’autre
La mondialisation de la pensée critique
Un foisonnement de références
2. Brève histoire de la « nouvelle gauche »  (1956-1977)
Aliénation et crise du sujet de l’émancipation
La question du pouvoir
Résonances du structuralisme
La « pensée 68 » revisitée
Vers les nouvelles théories critiques
3. Les intellectuels critiques contemporains : une typologie
Les convertis Les pessimistes
Les résistants
Les novateurs
Les experts
Les dirigeants
II / Théories
4. Système
Michael Hardt et Toni Negri, ou la « joie d’être communiste »
L’opéraïsme – Empire et Multitude – Vers un capitalisme cognitif ?
Le renouveau des théories de l’impérialisme
Marxisme et impérialisme – Leo Panitch : chronique de la superpuissance états-unienne – Robert Cox : la théorie néo-gramscienne des relations internationales – David Harvey : spatial fix et accumulation par dépossession
L’État-nation : persistance ou dépassement ?
Benedict Anderson, Tom Nairn : les États-nations face à la mondialisation – Jürgen Habermas, Étienne Balibar : la question de l’Europe – Giorgio Agamben : l’État d’exception permanent
Capitalismes, anciens et nouveaux
Critique du capitalisme cognitif – Robert Brenner : le long retournement – Giovanni Arrighi : un dernier « cycle systémique d’accumulation » ? – Elmar Altvater : le capitalisme fossile
5. Sujets
L’événement démocratique
Jacques Rancière : la « part des sans-parts » – Alain Badiou : événement, fidélité, sujet – Slavoj Zizek : quand Lénine rencontre Lacan
Post-féminités
Donna Haraway : cyborgs de tous les pays ? – Judith Butler : la fin des identités sexuelles – Gayatri Spivak : le silence des subalternes
Classes contre classes
E.P. Thompson : la théorie constructiviste des classes sociales – David Harvey : la communauté de la classe et la classe de la communauté – Erik Olin Wright : le marxisme analysé – Alvaro Garcia Linera : classe, multitude et indigénisme
Les identités conflictuelles
Nancy Fraser, Axel Honneth, Seyla Benhabib : la théorie de la reconnaissance – Ernesto Laclau : construire les antagonismes – Fredric Jameson : capitalisme tardif et schizophrénie
Conclusion. Chantiers
Index.

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